giovedì 29 ottobre 2015

«Le Dialogue Interreligieux, Fondement de Tolérance et Rencontre». Intervention du Cardinal Leonardo Sandri

Fès accueille les 5èmes rencontres du dialogue interreligieux

Intervention du Cardinal Leonardo Sandri au Symposium: «Le Dialogue Interreligieux, Fondement de Tolérance et Rencontre» Organisé par le Centre International pour le Dialogue Interculturel et par la Fondation Ducci- Fès, Maroc
Congregazione per le Chiese Orientali 
Son Excellence le Dr Ahmed Toufiq, Ministre pour le Culte,
Son Excellence le Dr André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté,
Monsieur le Docteur Dardouri, Wali de Fès,
Monsieur le Docteur Serge Berdugo, Secrétaire Général de la Communauté Hébraïque du Maroc,
Son Excellence monsieur l’Ambassadeur Ducci.
Soyez remercié de tout cœur pour votre invitation à prendre part à ce Symposium et, de cette façon, à la possibilité garantie à la communauté chrétienne ainsi qu’au Saint Siège, plus particulièrement, de pouvoir y contribuer. Il part d’une vaste réflexion réalisée et approfondie ces cinquante dernières années. 
Je tiens à souligner que l’évènement, auquel nous participons, se trouve en syntonie avec la Rencontre Internationale qui se déroule ces jours-ci à Rome, promue par le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, pour célébrer le cinquantième anniversaire de la Déclaration du Concile Œcuménique Vatican II « Nostra Aetate », sur les relations avec les religions non chrétiennes qui était promulgué le 28 octobre 1965. Je vous transmets volontiers le salut et les vœux du Cardinal Jean-Louis Tauran, qui collabore avec le Saint Père dans la Curie et qui suit ce dialogue si important de l’Église.
1.Pourquoi le Dialogue Interreligieux ? La réponse est simple et si au Concile Vatican II quelques affirmations ont pu sembler un peu théoriques, aujourd’hui elles sont une réalité : l’interdépendance des peuples, des cultures et des religions dans le monde globalisé s’accroit et s’intensifie. Chaque itinéraire religieux entre inévitablement en dialogue avec les questions profondes inscrites dans le cœur de l’homme au-delà de toute différence : qui suis-je ? « Qu’est-ce que l’homme? Quels sont l’origine et le but de la souffrance? Qu’est-ce que la mort? Et surtout, “Qu’est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui embrasse notre existence, d’où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons”, c’est l’expérience qui nous réunit tous puisque “Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la Cité sainte, que la gloire de Dieu illuminera et où tous les peuples marcheront à sa lumière» (Nostra aetate, 1).
2.Le dialogue interreligieux, comme l’entend l’Église Catholique, focalise l’attention sur la vérité, la beauté et les biens présents dans les différentes religions et « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions » (NA 2). Je suis certain que cette position est, et dans la réalité est, partagée par les partenaires du dialogue interreligieux. Elle peut porter au respect mutuel, à l’appréciation réciproque et une tolérance qui se transforme en code d’appréciation qui permet une interaction fructueuse des différentes religions dans la vie concrète. J’exprime mon estime pour l’évènement que nous vivons parce qu’en sa partie constitutive, il n’y a pas seulement des relations, mais la possibilité de partager du temps ensemble en se rencontrant tout en goûtant la beauté de la production artistique et musicale des différentes expressions religieuses, par des expositions et concerts.
3.Dans de nombreuses parties du monde, le respect mutuel, dont nous venons de parler, n’est pas une réalité ou n’a pas trouvé, pour l’instant, un espace réel dans la vie des gens ou bien il n’est qu’à l’état embryonnaire. Le Dicastère que je préside, la Congrégation pour les Eglises Orientales, suit, entre autres, les antiques et vénérables Églises nées et répandues dans le Moyen-Orient. Leurs fidèles, depuis l’origine ont été habitués à vivre avec les frères de religion hébraïque et ensuite musulmane. Il y a eu et il y a des difficultés et des tensions, mais dans la vie réelle le dialogue existe dans les villages et les villes parce qu’on vit ensemble.  Toutes les attitudes qui semblent insinuer de manière insidieuse qu’on veut, au contraire, séparer, disperser, diviser ou opposer, préoccupent et font souffrir. On peut lire dans l’Exhortation Apostolique « Ecclesia in Medio Oriente », promulguée par le Pape Benoit XVI après l’Assemblée Spéciale du Synode des Evêques pour le Moyen-Orient d’il y a cinq ans : « Puissent les juifs, les chrétiens et les musulmans découvrir dans l’autre croyant un frère à respecter et à aimer pour donner en premier lieu sur leurs terres le beau témoignage de la sérénité et de la convivialité entre fils d’Abraham»(Ecclesia in Medio Oriente, 19).
4.L’un des objectifs du dialogue interreligieux est de créer les conditions pour que chacun puisse approfondir la connaissance de sa religion, ouvrir des canaux pour un flux libre d’informations et consentir à tous ceux qui sont intéressés ou en recherche, de se rencontrer, sans aucune restriction, avec les croyants des autres religions dans un esprit d’ouverture et d’échange. Pensons à ce chemin ouvert après la première rencontre des Religions pour la Paix à Assise le 27 octobre 1986, voulue par Saint Jean-Paul II. En août 1985, sur invitation de Sa Majesté le Roi, Il a visité le Maroc où Il a adressé, dans le stade de Casablanca, ces paroles inoubliables aux jeunes musulmans, qu’il serait souhaitable de relire et de méditer : «Je suis heureux de vous rencontrer ici, au Maroc. Le Maroc a une tradition d’ouverture ; vos savants ont voyagé et vous avez accueilli des savants d’autres pays. Le Maroc a été un lieu de rencontre des civilisations : il a permis des échanges avec l’Orient, l’Espagne et l’Afrique. Le Maroc a une tradition de tolérance : dans ce pays musulman, il y a toujours eu des juifs et presque toujours des chrétiens ; cela a été vécu dans le respect, d’une manière positive. Vous avez été et vous demeurez un pays hospitalier. Vous êtes donc, jeunes Marocains, préparés à devenir des citoyens du monde de demain, de ce monde fraternel auquel vous aspirez avec les jeunes du monde entier. Vous tous, jeunes, je suis sûr que vous êtes capables de ce dialogue. Vous ne voulez pas être conditionnés par des préjugés. Vous êtes prêts à construire une civilisation fondée sur l’amour. Vous pouvez travailler à faire tomber les barrières dues parfois à l’orgueil, plus souvent à la faiblesse et à la peur des hommes. Vous voulez aimer les autres sans aucune frontière de nation, de race ou de religion » (Saint Jean-Paul II, Discours aux jeunes musulmans dans le stade de Casablanca, 19 août 1985). 
5.Dans notre monde très sécularisé, la connaissance de la foi est souvent pauvre ou superficielle : à commencer par la sienne propre, et peu à peu se diffuse à la compréhension des contenus de la foi des autres. En Occident surtout, mais probablement dans d’autres parties du monde ce sont les organes de presse à nous dire qui sont ou ce que pensent les chrétiens, les musulmans, les juifs etc. et souvent, ils ne disent pas les choses correctes, justes ou positives. Comme conséquence de ce que je viens de dire, il est devenu urgent de sauvegarder des lieux de rencontre qui enrichissent et permettent d’approfondir le concept de tolérance. Celle-ci n’est plus alors une idée froide et souvent rhétorique mais elle nait du visage concret de l’autre, qui est aussi mon frère. En termes concrets, le dialogue interreligieux doit viser à sauvegarder les droits des autres, à assurer le droit à l’existence, à l’intégrité physique et aux libertés fondamentales, dont celles de conscience, de pensée, de parole et de religion, comme l’a affirmé justement ces jours-ci le Pape François à l’Audience Générale, consacrée au Dialogue Interreligieux.
6.C’est donc une obligation pour les responsables des diverses communautés religieuses de trouver les voies pour rappeler l’engagement à aplanir tous les obstacles politiques et sociaux qui limitent la liberté religieuse et les activités interreligieuses, en vue de construire la confiance et la compréhension entre les peuples.  Comme l’a souligné le Pape François lors de son voyage aux États-Unis : « Lorsque l’exercice effectif de leurs droits est garanti aux individus et aux communautés, non seulement ils sont libres de déployer leurs capacités, mais aussi ils contribuent au bien-être et à l’enrichissement de toute la société » (Pape François, Discours pendant la rencontre pour la liberté religieuse, Philadelphia, 26 septembre 2015).
7.Promouvoir le dialogue interreligieux est une grande nécessité: pour cela, nous devons en être les initiateurs et les animateurs, formés dans nos traditions avec une identité religieuse claire, dotés de qualités et de vertus humaines et être aussi capables, dans le monde global, d’interagir avec les techniques modernes de communication qu’offre le monde contemporain, justement pour que l’espace ne soit pas occupé par les prédicateurs de haine et de violences, de diverses extractions et provenances, mais par les constructeurs de ponts et de relations. Chacun a un rôle dans ce dialogue et diverses responsabilités : de ceux qui l’affrontent dans la vie quotidienne et dans la coexistence avec les responsables jusqu’à ceux qui sur un mode particulier approfondissent l’étude de leur théologie.
8.Je souhaiterais conclure en citant une expérience. Elle a un relief singulier maintenant, bien que les faits de l’histoire semblent l’avoir démentie. Justement ici à Fès, en 1988 a été installée une petite communauté de moines cisterciens, liée au Monastère de Notre-Dame de l’Atlas à Tibhérine, lieu connu depuis l’affaire des sept religieux enlevés et tués en 1996 dans des circonstances qui n’ont pas encore été complétement élucidées. La communauté et le monastère ont été ensuite transférés à quelque distance d’ici, à Midelt. Cette présence, tant en Algérie qu’au Maroc, a été et veut demeurer un lieu vivant que la communauté chrétienne offre pour la promotion du dialogue interreligieux. On lit dans leur présentation : « Si cette présence gratuite d’amitié reste à donner partout, elle est peut-être en ce moment plus particulièrement à donner dans les pays musulmans ; car il y a trop de méconnaissance de part et d’autre. Il est grand temps de nous « rencontrer » pour nous apprécier et pour nous stimuler dans notre service de Dieu. Au sein de notre Église qui se veut avec les autres Églises du Maghreb une « Église de la Rencontre », notre communauté de l'Atlas a le rôle très spécifique d'être priante au milieu d'autres priants. La prière est le pivot de toute la vie dans l'Islam et l'image courante que les chrétiens donnent aux musulmans, c'est qu'ils ne prient pas, qu'ils ne savent pas prier ». Sur les traces de ce qu’affirmait le prieur, Christian de Chergé : « Hôtes du peuple marocain, musulman dans sa totalité, ces frères aimeraient contribuer à témoigner que la paix entre les peuples est un don de Dieu fait aux hommes de tout lieu et toujours, et qu’il revient aux croyants, ici et maintenant, de manifester ce don inaliénable, notamment par la qualité de leur respect mutuel et le soutien exigeant d’une saine et féconde émulation spirituelle » (P. Christian de Chergé).
9. A la suite de tant de témoins et de leur voix prophétique, nous voulons maintenant, nous mettre fermement sur la voie de ce qu’a affirmé le Saint Père François à Philadelphie : 
« Dans un monde où diverses formes de tyrannie moderne tentent de supprimer la liberté religieuse, ou bien, comme je l’ai dit tantôt, tentent de la réduire à une sous-culture sans droit de cité dans la sphère publique, ou encore tentent d’utiliser la religion comme prétexte à la haine et à la brutalité, il est impérieux que les adeptes des diverses traditions religieuses unissent leurs voix pour appeler à la paix, à la tolérance, au respect de la dignité et à tous les droits des autres » (Pape François, Discours pendant la rencontre pour la liberté religieuse, Philadelphia, 26 septembre 2015). 
Merci

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Líderes de todas las religiones juntos en el Vaticano para celebrar “Nostra Aetate”
Rome Reports 
La declaración "Nostra Aetate”, emanada del Concilio Vaticano II, cambió la actitud de la Iglesia con respecto a todas las religiones pero sobre todo, con respecto al judaísmo. - Rabino David osen (American Jewish Congress) - "Nostra Aetate" es un documento que aparece por la preocupación que San Juan XXIII tenía de transformar la relación con el judaísmo. Esa fue su principal motivación: cambiar la relación de la Iglesia católica con el pueblo judío”. (...)